La bague au doigt

C'était à la Coupole qu’ils s'étaient rencontrés
Et comme elle avait froid, il l’avait réchauffée
Ensuite, par la ville, ils s’en étaient allés
Amoureux fragiles en cet hiver glacé
La bague au doigt que vous m’aviez donnée
J’ai trop peur de la perdre, trop peur d'être oubliée
Elle faisait de la danse, il écrivait un peu
Elle vivait dans le Nord, dans la presque banlieue
Il proposait ses vers à quelques éditeurs
Qui lisaient de travers avec un air moqueur
La bague au doigt que vous m’aviez donnée
J’ai trop peur de la perdre, trop peur d'être oubliée
Elle suivait des cours fidèlement chaque matin
Plié, tendu, piqué, passé, coupé, c’est bien
Elle espérait toujours qu’elle serait remarquée
Et qu’un grand chorégraphe aussitôt l’engagerait
La bague au doigt que vous m’aviez donnée
J’ai trop peur de la perdre, trop peur d'être oubliée
Elle se voyait déjà soliste de ballet
Elle partait en tournée de Moscou à Sidney
Elle avait peur pourtant de laisser son amant
Tout seul à la maison à écrire un roman
La bague au doigt que vous m’aviez donnée
J’ai trop peur de la perdre, trop peur d'être oubliée
Les contes de fée, c’est vrai, se réalisent parfois
Elle partit par le Monde, il ne la revit pas
Il est toujours en train d'écrire son roman
Dans la presque banlieue au Nord, en fredonnant
La bague au doigt que je vous ai donnée
Dites, l’avez-vous perdue, dites, suis-je oublié?
Si vous la rencontrez un soir à l’opéra
Majestueuse et belle dans son châle de soie
Glissez-lui dans l’oreille, juste entre haut et bas
Cette vieille rengaine qu’elle chantait autrefois
La bague au doigt que vous m’aviez donnée
J’ai trop peur de la perdre, trop peur d'être oubliée