Banquise

Qu’il est doux le temps de vivre
Le printemps roucoule de joie
Le papillon se délivre
Les enfants s’amusent et aboient
Ah, que c’est beau tout ça
Les plages de viande à frire
La sueur et les gros tas
Les pique-niques et bien pire
Les sandales et les bermudas
en bolide
Les terrasses et tout le blabla
Les vacances en famille
Les pelouses et le charbon de bois
Les glaces à la vanille
Les bourgeons et les bourgeois
Le cortège avance et s’effrite
Dans la pénombre et le froid
Dans la pénombre et le froid
Qu’il est court le temps de vivre
À peine quelques émois
On s’emballe, on s’ennivre
On arrive et on s’en va
Ah, et chacun pour soi
Le froid dans les narines
Ça givre, ça fume, ça pend
Les plaintes s'éternisent
Et se perdent dans le vent
gratte et chigne
Le dos se tord et se fend
Au bout de la banquise
Des patins sur les dents
Le cerveau se tamise
Et roule dans son sang
L’horizon sursaute et crépite
Puis la nuit souffle et se répand
La nuit souffle et se répand