— Va, ne retiens pas tes ailes
Ma chérie
— Mais tu en as de si belles
Toi aussi
— Ne cherche pas à comprendre
Moi, je sais depuis longtemps
Qu’un jour se défait le tendre
Que l’amour change de camp
— Mais tu t’es trompée de page
Le tendre n’a pas changé
Il n’a pris qu’un peu de large
Il a voulu voyager
— Va, déplie-les bien tes ailes
Ma chérie
— Il faudrait que tu essaies
Toi aussi
— Que sais-tu donc de mes ailes
De qui me les a coupées?
Qui a piégé l’hirondelle
Pour la mettre au poulailler?
— Moi, la vie, tu peux me croire
Je ne l’ai pas demandée
— C'était ma plus belle histoire
Ne va pas me l’abîmer
Moi, je t’ai lissé les ailes
Ma chérie
— Mais je peux lisser les tiennes
Moi aussi
— Ça ne se fait pas si vite
Déjà tu ne comprends plus
Tu as l'âge de la fuite
Moi, celui du déjà-vu
— Mais tu restes à ras de terre !
— Celle où je t’ai fait marcher
— Mais pourquoi toujours te taire?
— Il le faut pour t'écouter
Mais oui, j’ai toujours mes ailes
Ma chérie
Mais tu as ouvert les tiennes
Sur ma vie
Et s’il faut que je revole
Laisse-moi m’habituer
— Ne dis pas de choses folles
Tu as toujours su voler
— Mais tu fais de la voltige !
— Tu pourras voler plus bas
— Et si je prends le vertige?
— Je volerai avec toi
Et nous garderons nos ailes
Ma chérie