L'éclair
Léo Ferré
Текст песни
Le travail humain! c’est l’explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps
«Rien n’est vanité; à la science, et en avant!» crie l’Ecclésiaste moderne,
c’est-à-dire Tout le monde
Et pourtant les cadavres des méchants et des fainéants tombent sur le cœur des
autres…
Ah! vite, vite un peu; là-bas, par delà la nuit, ces récompenses futures,
éternelles… les échappons-nous…
— Qu'y puis-je? Je connais le travail; et la science est trop lente.
Que la prière galope et que la lumière gronde… je le vois bien
C’est trop simple, et il fait trop chaud; on se passera de moi. J’ai mon devoir,
j’en serai fier à la façon de plusieurs, en le mettant de côté
Ma vie est usée. Allons! feignons, fainéantons, ô pitié! Et nous existerons en
nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques,
en nous plaignant et en nous querellant les apparences du monde, saltimbanque,
mendiant, artiste, bandit, — prêtre!
Sur mon lit d’hôpital, l’odeur de l’encens m’est revenue si puissante;
gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr…
Je reconnais là ma sale éducation d’enfance. Puis quoi… Aller mes vingt ans,
si les autres vont vingt ans…
Non! non! à présent je me révolte contre la mort! Le travail paraît trop léger
à mon orgueil: ma trahison au monde serait un supplice trop court
Au dernier moment, j’attaquerais à droite, à gauche…
Alors, — oh! — chère pauvre âme, l'éternité serait-elle pas perdue pour nous!
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